Interviews d'experts, professionnels et scientifiques.
Ils partagent leur vision.
Brice Vercelot
Expert en sécurité auprès de l’
Ancien chef d’équipe au Groupe d’Intervention de la Police Nationale (GIPN), puis officier sécurité au sein du Service de Protection des Hautes Personnalités. Formateur de formateurs et conseiller technique de la Police Nationale. Consultant sécurité ONU (Haïti). Expert sécurité UE (Liban, Afghanistan).
Interview du Brice Vercelot en décembre 2012
Par Face-au-conflit
« Face au conflit, se former permet de réduire, de diminuer la prise de risques »
Une expérience d’opérationnelle dans les services spécialisés permet, de fait, d’amonceler de l’expérience, des réflexes, une méthodologie pour la gestion des conflits et des situations de crises. Brice Vercelot, ancien du GIPN, du SPHP et actuellement au Liban, nous expose sa vision et sa conception de la résolution des conflits.
« Notre perception et nos émotions nous appartiennent, ce sont elles qui vont influencer notre jugement et notre réaction »
Face-au-Conflit : Dans quel secteur d’activité exercez-vous à ce jour ?
B.V : Je travaille aujourd’hui au Liban, en qualité d’expert en sécurité auprès de l’Union Européenne dans des projets de formation. Entre temps, j’ai occupé la fonction de CPO au sein de l’équipe de protection du chef de la Délégation Européenne à Beyrouth.
Face-au-Conflit : Pensez-vous qu’aujourd’hui, avoir une expérience opérationnelle, est un avantage pour la gestion des conflits et des situations de crise ?
B.V : Sans aucun doute, avoir un vécu professionnel dans des groupes opérationnels permet d’appréhender les situations à risques avec beaucoup plus d’analyse. Mais chaque situation est différente. Le débriefing de chaque mission permet, soit de corriger ses erreurs, soit de modéliser une tactique ou d’améliorer nos stratégies.
Face-au-Conflit : La frontière entre conflit et agression est mince, à travers vos expériences, comment avez-vous abordé la résolution des conflits et la réponse face à une agression ?
B.V : Je pense qu’avant tout, nous devons discerner les situations que nous abordons seul ou en équipe. Notre perception et nos émotions nous appartiennent, ce sont elles qui vont influencer notre jugement et notre réaction. En équipe, chacun des acteurs ressent différemment l’évènement et cela risque d’affecter négativement la cohésion du groupe, et la prise de décision. La prise de décision est en fait le déclencheur du mode « réaction », ensuite tout va très vite. La problématique qui en résulte est de réguler une réponse coercitive, liée à la décharge d’adrénaline emmagasinée par le stress. Face à une agression, nous sommes inhibés et le « tunnel vision », influe sur nos options de réponse.
Face-au-Conflit : Avez-vous une méthode pour résoudre un conflit ? Concrètement que faut-il faire ?
B.V : Sur le plan théorique, nous connaissons les mécanismes qui précèdent et résultent d’un conflit, mais en situation réelle, l’élément de surprise perturbe nos facultés d’analyse et nous sommes très vite submergés par nos émotions. Quand il est possible de communiquer, d’entamer un dialogue, il convient de « désamorcer » ce conflit. Quand il est trop tard ou que rien ne semble possible, notre attitude et notre analyse doit mettre en œuvre notre organisation défensive afin de préserver notre intégrité physique. Il en résulte que le repli ou la fuite reste toujours une option à envisager. Les méthodologies de résolution de conflit ou situation de crise sont enseignées à des professionnels afin de les rendre opérationnels face à des situations ou évènements à risques. Mais ceux ci bénéficient de moyens (protection, communication) mis à leur disposition, ce qui limitent le risque encouru (méthode de raisonnement tactique, SIREP, Brainstorming).
Pour le particulier, il en est tout autre ! Dans une agression, on ne choisit ni le lieu, ni le moment, ni le type d’agression, ni son agresseur. En cas d’agression si je reprends votre question, je la formulerai différemment, en conseillant plus « ce qu’il ne faut pas faire », comme en matière de premiers secours : on n’aggrave pas une situation, on met en œuvre tout ce qui permet d’éviter une situation de détresse.
Face-au-Conflit : Pourquoi est-ce important de se former à la gestion des situations de crise ?
B.V : C’est indispensable ! Ca ne s’improvise pas ! L’essentiel est de ne pas subir, donc comprendre et gérer passe par le stade d’une formation. Être informé permet d’aborder positivement une difficulté (les retours d’expérience – retex, permettent sans cesse de réajuster les contenus qui sont liés à un événement). Adaptabilité et réactivité sont les composantes principales de l’efficacité. On ne réagit que suite à un vécu : se former, permet d’augmenter ce potentiel. Se former permet de réduire, de diminuer la prise de risques…
Face-au-Conflit : Quelles formations conseilleriez-vous à nos lecteurs ?
B.V : Eviter les soit disant « remèdes miracles », au début, il convient de participer a des « stages » qui permettent de vérifier le niveau de compétence du ou des intervenants. Une méthode, doit vous permettre de progresser et de vous évaluer. Le travail sur le comportemental est primordial, en situation de stress, les techniques ne vous seront d’aucun secours. Les mises en situations permettent de se rapprocher au plus près des situations réelles. Le bouche a oreille reste encore le meilleur moyen de s’orienter vers un professionnel.
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