Pourquoi aller des modèles économiques basés sur l'EFC ?


L'économie de la fonctionnalité et de la coopération (EFC) comme nouvelle approche économique
L’économie de fonctionnalité est un modèle économique qui repose sur la vente d’un usage ou même d’une performance plutôt qu’un bien ou un service, et tend à favoriser la coopération.
L’économie de la fonctionnalité est un concept encore en construction. Il s’insère dans les réflexions sur les nouveaux modèles économiques permettant d’associer à la croissance économique une préservation de l’environnement, par la réduction de la consommation de matières (ressources naturelles, matières premières, énergie, etc.), ainsi qu'une transition sociale plus équitable.
Dans ce modèle, il n’y plus de transfert de propriété du bien qui reste propriété du producteur sur tout son cycle de vie. Celui-ci a alors intérêt à augmenter la durabilité du produit, et minimiser les externalités environnementales (consommation d’eau, d’énergie, production de déchets). On parle dans ce cas de découplage entre valeur ajoutée et consommation de ressources.
Cette nouvelle approche permet également de relocaliser des emplois associés notamment à la surveillance et la maintenance du bien pour l’usage proposé. L’économie de la fonctionnalité offre une nouvelle approche favorisant l’efficience économique, environnementale et sociétale et contribue au développement durable.
Depuis les années 2010, l’économie de la fonctionnalité rencontre une légitimité accrue avec la reconnaissance politique de son intérêt pour la transition énergétique. Le Grenelle de l’environnement (le chantier 31 du Grenelle 2 est intégralement dédié à l’économie de fonctionnalité), les filières REP, inscrites dans la loi dès 1975 et remises à jour avec la loi AGEC (loi 2020-105 du 10 février 2020), les Nombreux soutiens politiques et financiers pour ces nouveaux modèles en provenance de certaines régions, de l’ADEME, du ministère de la Transition écologique sont autant de démarches qui contribuent à l’institutionnalisation de l’économie de la fonctionnalité dans les décisions politiques.
Les entreprises qui se dirigent vers ce modèle sont très différentes, que ce soit en matière de taille (grande entreprise, PME, TPE), de raison sociale ou de type d’entrepreneuriat. Cette variété de situations, couplée à la multiplicité des raisons pour lesquelles ces entreprises s’aventurent vers cette transition, implique un accompagnement sur mesure. Il s'agit de s'engager sur une trajectoire, avec une approche stratégique revisitée, des logiques de pilotage, d'implication des équipes, et de déploiement très différentes du management de projet habituel.
SERVICE&SENS accompagne ces trajectoires, avec plus de 15 ans d'expérience et une palette d'outils pour réussir la transition.
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L’économie de la fonctionnalité repose sur 4 grands principes
1. L’économie de la fonctionnalité et de la coopération est intimement liée au développement durable. Elle vise à mieux prendre en charge les externalités environnementales et sociales induites ou subies par le modèle initial. De ce fait, elle génère une plus-value territoriale forte.
2. L’économie de la fonctionnalité et de la coopération vise à passer d’une dynamique de performance industrielle centrée sur les ressources matérielles à une dynamique de contribution servicielle centrée sur les ressources immatérielles. Elle met ainsi la valeur d’usage au cœur de son modèle, puisque c’est le service rendu par la solution qui fonde sa performance. Elle présuppose ainsi une nouvelle gouvernance de l’innovation, associant non seulement les bénéficiaires de la solution mais également ses coproducteurs.
3. L’économie de la fonctionnalité vise à mettre en œuvre l’effet ciseau, poursuivant l’objectif de décroissance du facteur matériel compensée par une croissance du facteur immatériel dans les processus de création et de production de la valeur ainsi que de métamorphose de la valeur d’usage en valeur monétaire.
4. Parce que les ressources immatérielles sont les ressources stratégiques clés dans l’économie de la fonctionnalité et de la coopération, ces modèles génèrent un impact positif sur la qualité du travail et sur les modes d’organisation du travail, à travers notamment – mais non exclusivement – la promotion de la coopération.
Un petit mot d'histoire :
L’origine du concept d’économie de (la) fonctionnalité est attribuée à Stahel & Giarini. L’ouvrage de Stahel (2006) en donne la définition suivante :
« L’économie de fonctionnalité, qui optimise l’usage ou la fonction des biens et services, se concentre sur la gestion des richesses existantes, sous la forme de biens, de connaissances et de capital naturel. L’objectif économique en est de créer une valeur d’usage la plus élevée possible pendant le plus longtemps possible, tout en consommant le moins de ressources matérielles et d’énergie possible. »
Le départ de cette réflexion remonte au club de Rome. À la suite du rapport Meadows (1972), le club de Rome demande à Giarini & Stahel un rapport, publié ensuite sous le nom The Limits to Certainty: Facing Risks in the New Service Economy (1989), dans lequel ils expliquent la manière dont une « nouvelle société de services » peut répondre aux limites du modèle de production et de consommation de masse.
L’économie de la fonctionnalité, un modèle économique qui s'inscrit dans l'économie circulaire
Partie intégrante de l’économie circulaire, l’économie de la fonctionnalité fait référence à un modèle économique qui repose non pas sur la vente d'un bien ou d'un service mais sur la vente d'un usage performant. Autrement dit, la valeur de la transaction ne correspond plus à la valeur du produit mais à la valeur du service rendu par ce produit. Ce nouveau modèle économique, encore émergent, suppose une transformation des logiques de marché fondées sur la corrélation volume-valeur, une évolution des modes de consommation ainsi que la mobilisation de ressources humaines et financières. Bien que ce changement de modèle soit financé en partie par les entreprises, l’ADEME et les régions participent également à son financement. 4,2 millions d’euros ont ainsi été mobilisés par ces financeurs publics pour soutenir l’économie de la fonctionnalité entre 2013 et 2018.
Selon la définition de l’ADEME, l’économie de la fonctionnalité constitue un des sept piliers de l’économie circulaire et s'inscrit dans les actions portées par les acteurs économiques.
Fondé sur la mise à disposition d’un usage plutôt que sur la possession d’un bien, ce modèle économique se distingue néanmoins de la logique de location. En effet, bien que dans ces deux schémas, l’offreur reste propriétaire du bien tout au long de son cycle de vie, l’économie de la fonctionnalité dépasse la logique valeur-volume sous-jacente à la location pour proposer des offres fondées sur un contrat avec une obligation de performance ou de résultat du bien.
es offres s’inscrivant dans l’économie de la fonctionnalité sont souvent assorties de services de maintenance des biens. A titre d’exemple, Elis, entreprise française spécialisée dans le nettoyage et l’hygiène, met à disposition des entreprises des vêtements professionnels avec un service d’entretien inclus (blanchissement, réparation, redistribution). En nettoyant et réparant les tenues de travail après chaque utilisation, l’entreprise garantit leur qualité et leur durabilité sur le long terme, dépassant ainsi la logique de la location.
La mise en place d’une offre d’économie de la fonctionnalité nécessite l'identification d'un besoin, sous forme « d’unité fonctionnelle » quantifiable. Cette unité fonctionnelle ne porte pas sur le produit mais bien sur la fonction qui lui est associée. La démarche à adopter est la suivante :
1. Définir l’objet d’étude (bien ou service)
2. Identifier la fonction associée à cet objet
3. Choisir une unité fonctionnelle pertinente qui lui est associée
4. Définir une offre qui remplit l’unité fonctionnelle tout en répondant aux enjeux de Développement Durable (bénéfices économiques, environnementaux, sociaux)
L’économie de la fonctionnalité suppose une transformation du Business Model de l'entreprise
L’économie de la fonctionnalité est un modèle économique qui concerne presque tous les secteurs et types d’entreprises, depuis les groupes internationaux jusqu’aux TPE et start-up.
Néanmoins, cette approche se traduit généralement par la mise en place d’un nouveau mode de commercialisation qui suppose une transformation en profondeur du modèle d’affaires de l'entreprise et des compétences de ses collaborateurs. Comme ces nouvelles offres sont co-construites avec le client, elles reposent davantage sur un engagement contractuel de long terme, qui privilégie la compréhension fine des besoins, la qualité des biens et des services associés, dépassant ainsi le format transactionnel classique qui consiste à vendre plus.
Au-delà de la contractualisation, l’entreprise doit adapter son organisation et ses compétences pour répondre aux évolutions de contexte et ainsi ajuster ses offres en fonction des besoins de ses clients. En effet, c’est désormais l’accompagnement personnalisé du client qui constitue la principale création de valeur pour l’entreprise. Cette évolution des métiers repose sur une organisation globale de l’entreprise où les différents départements coopèrent, dépassant la logique de silo.
Enfin, pour amorcer une telle transformation, il est nécessaire de disposer d’une stabilité financière suffisante sur toute la durée de la mise en œuvre. Les entreprises peuvent en parallèle bénéficier d’accompagnements externes, de la part d’acteurs tiers tels que l’ADEME. En effet pour qu’une telle transformation soit pérenne au sein d’une entreprise, elle nécessite des formations (initiales puis continues), un suivi individuel (accompagnement, conseil) ainsi qu’une ressource qui serait, entre autres, en charge de la conduite du changement pendant 2-3 ans.
L’économie de la fonctionnalité constitue ainsi une réelle opportunité de transformation pour les entreprises mais également pour leurs clients.
Une structuration progressive des pratiques permet un meilleur accompagnement des entreprises amorçant leur transformation
La dynamique de l’économie de la fonctionnalité se structure autour d’une diversité d’acteurs. L’Institut Européen de l’Economie de la Fonctionnalité et de la Coopération (IEEFC) promeut ce modèle économique à l’échelle nationale en s’appuyant sur un réseau de clubs régionaux (8 en France métropolitaine et 1 en outre-mer, d’après l’IEEFC) qui orientent les acteurs intéressés par la démarche. Cet accompagnement se traduit notamment sous la forme de groupes de travail regroupant des entreprises, des acheteurs publics et les Régions pour co-construire des solutions d’économie de la fonctionnalité et de la coopération (EFC).
Par ailleurs, les Universités de l’EFC, les formations proposées par les acteurs spécialisés et les programmes d’accompagnement sont autant de moyens mis à disposition des acteurs économiques pour faciliter leur transformation. Enfin, l’ADEME souhaite aller plus loin avec son programme COOP’TER qui vise à constituer une communauté d’accompagnateurs de projets d’EFC et dresser un état des lieux des acteurs territoriaux.
Les exemples emblématiques de l’économie de la fonctionnalité (Michelin, SEB, Xerox,…) ont permis d’identifier les freins et les réponses à apporter pour accélérer l’adoption de ce modèle économique par un plus grand nombre d’acteurs économiques. Les ressources mobilisées par l’ADEME et les régions seront essentielles, dans un premier temps, pour assurer le changement d’échelle de ce modèle économique.
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« L’économie de la fonctionnalité et de la coopération à l’assaut des marchés saturés »
Pr. Christophe Sempels - Professeur de développement durable et entrepreneuriat à Skema Business School, co-fondateur de l’Institut européen de l’économie de la fonctionnalité et de la coopération et directeur scientifique du Club Cap EF. Christophe Sempels est spécialisé dans les business models innovants permettant de concilier performance économique, environnementale et sociale (économie de la fonctionnalité, économie collaborative, économie contributive locale en open source, entrepreneuriat social et quatrième secteur). Ses travaux portent également sur l'innovation sociétale et sur l'incubation de modes de vie durables. A cet égard, il est l'un des fondateurs de Movilab.Christophe est l'auteur de nombreux articles de recherche ainsi que de plusieurs ouvrages : Sempels C. et Hoffmann J. (2013), Sustainable Innovation Strategy, Palgrave MacMillan, London (date de sortie : septembre 2013) Sempels C. and Hoffmann J. (2012), Les business models du futur : Créer de la valeur dans un monde aux ressources limitées, Pearson, Paris. Sempels C. et Vandercammen M. (2009), Oser le marketing durable, concilier marketing et développement durable, Pearson, Paris.Ses travaux de recherche ont été primés par le prix JADDE 2008 pour leur contribution à la diffusion du développement durable en entreprise, et par le prix Skema du meilleur ouvrage en management en 2012.Christophe Sempels dispose aussi d'une expérience significative dans le secteur privé. Christophe Sempels explore l'économie de la fonctionnalité et de la coopération, un modèle innovant pour concilier performance économique, environnementale et sociale.

L'avis 2019 de l'Ademe sur l'Economie de la Fonctionnalité
L’ADEME publie ce jour un avis relatif à l’économie de la fonctionnalité qui établit une nouvelle relation entre l’offre et la demande, plus uniquement basée sur la simple vente de biens ou de services.

8/6/2015
Vous avez dit "économie de la coopération" ?
Cela ne fait plus débat, pour les acteurs socio économiques européens, le modèle économique actuel ne répond pas aux enjeux du développement durable