« L’économie de la fonctionnalité et de la coopération à l’assaut des marchés saturés »

Interview du Professeur Christophe Sempels du 16 avril 2015
Par Décideurs en région
L’économie de la fonctionnalité et de la coopération, qui substitue la vente d’une solution intégrée à celle de biens ou de services, va-t-elle devenir le modèle économique de demain pour les entreprises ?
Comment définir l’économie de la fonctionnalité et de la coopération (EFC) ?
Christophe Sempels : Il s’agit d’une innovation stratégique de rupture, d’un changement radical de modèle économique qui vise à pallier la saturation des marchés. L’EFC va permettre de passer d’un modèle basé sur les volumes (vendre toujours plus d’unités de produits, de services ou de solutions associés) à un modèle basé sur la vente de la valeur d’usage d’un service intégré. Exemple : on vend du confort thermique et plus des chaudières, on va vendre de la propreté plutôt que des heures de ménage.
Quels sont ses avantages ?
Le modèle économique de l’EFC crée une synergie positive entre une performance économique, des plus-values environnementales et sociales. En particulier, il permet une amélioration très significative du travail. Il favorise, de plus, de nouvelles formes de coopérations entre l'entreprise et le territoire.Contrairement au modèle classique qui met le secteur des services au service de l'industrie, l'EFC met le secteur industriel au service des services. Il y a donc une prime forte à la relocalisation des entreprises industrielles en France.L’EFC va aider ces dernières à sortir de nombreuses impasses de leur modèle économique classique. Elle permet de monétiser ses ressources immatérielles à leur juste valeur, de réduire le coût global de ses matières premières, et de dégager de nouveaux leviers de productivité fondés sur les ressources immatérielles.
Comment fait-on pour passer d’un modèle à l’autre alors que la crainte d’un changement de modèle peut être présente chez les chefs d’entreprise ?
Sur ces trois dernières années, des experts de l’Institut européen de l’économie de la fonctionnalité et de la coopération ont accompagné plus d’une soixantaine d’entreprises de tous secteurs et de toutes les tailles dans leur transition vers ce nouveau modèle. Un dispositif d’accompagnement a été développé, fondé sur une méthodologie et des outils robustes. À chaque fois, pour chacune d’entre-elles, ce modèle a montré sa pertinence. Mais pour le mettre en place cela prend du temps : environ de trois à cinq ans.
Y a-t-il des secteurs de l’économie naturellement plus réceptifs à l’économie de la fonctionnalité que d’autres ?
Il n’y a pas de secteurs plus réceptifs, mais des chefs d’entreprise plus réceptifs que d’autres. Il est clair qu’une entreprise qui fonctionne bien et génère un taux de rentabilité à deux chiffres n’aura pas forcément la motivation nécessaire pour transformer son modèle.Les dirigeants qui font appel à nous se sentent à l’étroit dans leur modèle, alors qu’ils font face à des marchés locaux saturés et que la voie de l’export, pour trouver de nouveaux débouchés, ne concerne que 5 % des entreprises françaises.Ils veulent en outre mieux intégrer les enjeux environnementaux et sociaux dans leur modèle. Nous travaillons ainsi avec des réseaux d’intermédiation qui ont fait de la question du développement durable en entreprise une question centrale (Club des entrepreneurs du Pays de Grasse, Réseau Alliances…). C’est aussi pour ces raisons que le Centre des jeunes dirigeants a décidé de faire de l’économie de la fonctionnalité et de la coopération un atelier permanent qui va être désormais proposé à l’ensemble des sections du mouvement.
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