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Les méthodes de travail et l’esprit d’innovation d’Auguste et Louis Lumière, sont sources d’inspiration pour les entrepreneurs, décrypte Anne Vermès, auteure de l’ouvrage « Entreprendre comme les frères Lumière ». 

Entre 1884 et 1945, les frères Lumière ont déposé 240 brevets, ouvert six usines, dont une aux USA, employé jusqu’à 2000 salariés. Quels ont été les ressorts de leur génie créatif ?

« Ne jamais s’arrêter, toujours poursuivre ».

La devise des frères Lumière leur a permis de défier une concurrence féroce dans l’univers de l’image fixe ou animée. Inventeurs prolifiques, ils ont su conjuguer approche scientifique et perception fine du marché, pour imaginer et à démocratiser des produits révolutionnaires. Voici quatre leviers de leur méthode, transposables en entreprise.

  1. Etre curieux de tout, partout

Auguste et Louis Lumière ont su humer l’air du temps, en particulier la photographie et les loisirs naissants. Inventifs, ils se sont nourris de ce qui existait déjà, lanternes magiques, daguerréotypes, kinétoscope… Ils en ont décortiqué les mécanismes, ils ont établi des convergences avec les secteurs les plus divers, mécanique, optique, chimie, pharmacologie, textile, agro-alimentaire etc. Ils ont sillonné salons, foires et kermesses. Surtout, ils n’ont jamais cloisonné leur pensée par domaine d’expertise. Ainsi, c’est en voyant une servante s’acharner sur une machine à coudre que Louis a eu l’illumination : utiliser le procédé d’entrainement du tissu pour entraîner la pellicule perforée et créer le mouvement des images… Toute idée était bonne à prendre. Et durant leur vie, chaque soir les deux frères se challengeaient un quart d’heure sur leurs activités du jour et leurs projets.

Les leçons : mettre son esprit en éveil, oser tâtonner, se remettre en cause, redémarrer à zéro, confronter ses idées avec des pairs et éviter le jugement.

  1. Cibler des « non clients »

Plutôt que de marcher sur les brisées de la concurrence, les frères Lumière ont créé une demande nouvelle. Sentant l’émergence d’un nouveau marché autour du particulier, ils n’ont pas visé les clients naturels – les studios des photographes professionnels – mais les familles bourgeoises dont ils ont extrapolé qu’elles aimeraient photographier (puis filmer) elles-mêmes leurs proches ou les curiosités du monde. Ils se posent alors une question capitale : qu’est-ce qui pourrait les amener à être clients ? Réponse : acquérir un produit simple, accessible, maniable et fiable, soit un produit clé en main. Ce qui orientera leurs recherches sur les plaques sèches extra-rapides en noir et blanc puis en couleurs (« autochromes ») et sur une caméra de cinq kilos – le « cinématographe » – transportable par des hommes de l’art – les « opérateurs » – qui l’utilisent pour à la fois filmer et projeter.

Les leçons : identifier un créneau stratégique pour ses produits, cerner les obstacles, voir comment les lever, accepter une certaine marginalité.

  1. Inciter les collaborateurs à innover

Les deux frères ont toujours partagé leurs projets avec leurs collaborateurs. Ils allaient dans les bureaux et leurs usines, diffusaient les résultats des ventes, lisaient les lettres envoyés de l’étranger à leur famille par les « opérateurs » expatriés et dans lesquelles ils racontaient les séances de filmage et de projection, les succès, les étonnements du public… C’est grâce à ces lectures qu’une jeune ouvrière eut l’idée de faire pour l’entreprise une revue de presse sur le cinéma de par le monde, qui devint vite une veille technologique. Grâce aux échanges informels avec les deux patrons, les suggestions fusent. Et dans les pays étrangers, les « opérateurs » ont été encouragés à innover pour répondre aux besoins locaux, ainsi en Russie les films Lumière ont été inclus dans le programme des pièces de théâtre.

Les leçons : créer un climat positif dans l’équipe, laisser une marge d’autonomie à chacun, autoriser les essais et les erreurs, faire de la débrouillardise un critère d’embauche et d’évaluation.

  1. Mêler des univers qui s’ignorent

Louis et Auguste partagent aussi leurs idées et savoir-faire avec leurs partenaires, fournisseurs, rivaux. Ils ont compris que l’innovation pour perdurer ne peut pas être isolée. Ils s’associent avec des scientifiques (dont un chimiste pour développer des pellicules souples), des industriels, des médecins de toute spécialité… Ils ont percé avec le cinéma mais aussi avec des objets divers : les « tulles gras » pour soigner les brûlures, les anesthésiques etc. S’ils font sortir les chercheurs de leur université, ils y démarchent aussi les jeunes étudiants leur offrant des moyens matériels et financiers de concrétiser leurs découvertes ou de les optimiser. Et ils montent, autour de la photographie, une communauté de partage rassemblant usagers, inventeurs (eux), chercheurs et distributeurs, ce qui permet d’améliorer les procédés d’utilisation.

Les leçons : ne pas avoir peur de perdre ses idées au contact d’autrui, favoriser les équipes pluridisciplinaires, faire du client un partenaire d’innovation.

 

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