Le travail n'est pas une torture

L'atelier du tripalium

Dans son livre L’atelier du tripallium, publié le 1er mai, jour de la Fête du travail, la sémiologue Mariette Darrigrand réfute l'idée que le mot "travail" dérive du mot "tripalium", un instrument de torture.

Elle qualifie cette étymologie de fausse information ou "fake news" qui persiste malgré son inexactitude. Ce qui donne une connotation douloureuse au travail, le présentant comme une souffrance, une vision qui fausse notre compréhension du concept.

La racine indo-européenne

La théorie de l’auteure est de conserver la racine indo-européenne qui donne aussi bien en ancien français, Trabs, la poutre du bois qui “travaille”, que Trieb en allemand, la pulsion désirante ou en anglais Travel, le voyage suggérant une origine liée au mouvement et à la dynamique plutôt qu'à la torture.

Elle explore ainsi les liens sémantiques entre "travail" et d'autres concepts positifs comme "voyage", "œuvre", "éthique", "vocation" et même "oisiveté".

Mariette Darrigand refuse la vision négative de l’étymologie doloriste “inventée par des moines du Moyen-Âge” pour lui préférer la vision joyeuse de Baudelaire :

“Le travail est encore la façon la plus amusante de passer sa vie.”

Du Labor et de l’Opus, clés d’une collaboration efficiente

J'ajouterai qu'il est important de considérer deux mots, qui font sens ensemble : Labor et Opus. Travailler, c’est produire un effort : le Labor. Il ne s’agit pas que cet effort se traduise par une souffrance : Tripalium au sens de l'instrument de torture, mais d’offrir une perspective qui garantit la réalisation de soi : l’Opus, sous-tendue par la loyauté, la fraternité, la solidarité.

Des valeurs humanistes, qui se traduisent par la réalisation d’une œuvre, dont chacun serait fier. Entendu. Valorisé. C’est cela l’intelligence collective : collaborer. Créer ensemble, dans une perspective commune, celle d’un projet d’entreprise partagé et vivant, dont chacun devient l’un des rouages qui le fluidifie.

Il est bien question de cela : faire de chacun un acteur à part égale du projet d’entreprise, qui ne pourra progresser qu’en alliant son savoir-être et son savoir-faire à celui des autres parties prenantes de ce projet, quel que soit le niveau hiérarchique.

Il appartient donc à chaque dirigeant, à chaque manager, à chaque collaborateur, de revisiter sa notion de travail et de réinterroger ses pratiques, pour faire que le travail prenne soin de la santé des humains et se révèle comme une expérience à la fois épanouissante et productive, au service de la vision de l'entreprise ou de l'organisation.