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Pour parler de l’homme et, ainsi, fonder une anthropologie, la philosophie propose trois voies distinctes : l’humanisme, l’individualisme et le personnalisme.


L’humanisme parle de l’homme en général, de façon générique. Il utilise volontiers la majuscule et disserte de l’Homme qui, alors, devient un quasi synonyme d’humanité. Il s’agit donc d’une vision collective de l’homme, soit comme espèce humaine, soit comme société humaine. Ce qui fonde l’homme, ainsi posé, c’est ce qui lui est propre face aux autres étants, en général, et aux autres vivants, en particulier. La pensée moderne, inaugurée par Descartes (1596-1650), en continuité avec Platon et Augustin d’Hippone, affirme que, par nature intime, l’homme est au-dessus de l’animalité : l’homme possède une âme divine qui le rend, par essence, supérieur aux autres vivants et lui donne, ipso facto, le droit imprescriptible de dominer et d’exploiter la Nature à ses fins. Ainsi, comme l’avait défini Protagoras d’Abdère : « L’homme est la mesure de toute chose » … même de sa propre démesure. Cet humanisme est la source d’inspiration de la Déclaration des Droits de l’Homme (celle de 1789 et celle de 1948). Politiquement parlant, il aboutit presque immanquablement à des doctrines relevant du socialisme tant sous des formes nationalistes (nazisme, fascisme) que sous des formes collectivistes (marxisme, communisme) ou des formes populistes (social-démocratisme, social-étatisme).

L’individualisme s’intéresse à l’individu (l’homme particulier en tant qu’être indivise, en tant que bloc d’être) et le voit comme porteur d’attributs fondamentaux comme l’identité, la liberté, la responsabilité, la volonté et la dignité. L’individualisme, en tant qu’école philosophique, est typiquement anglo-saxonne. Son héraut fut, surtout, John Locke (1632-1704). Il pose l’individu face à la société et lui enjoint de développer et de défendre son autonomie au sein de rapports soit contractuels, soit conflictuels (Homo homini lupus) avec l’Autre.
Politiquement parlant, l’individualisme fonde le libéralisme qui met la société et ses institutions (l’Etat, surtout) au strict service des individus libres. Ethiquement, il débouche sur l’utilitarisme c’est-à-dire un jugement conséquentialiste de l’action sur le seul critère de sa contribution positive au bonheur du plus grand nombre d’individus.

Le personnalisme part d’un tout autre point de vue. La personne (per-sonna) humaine (ou non humaine) est un masque au travers (per) duquel sonne (sonna) la voix de l’acteur qui se cache derrière lui. Cette étymologie nous vient du théâtre étrusque (inspiré du théâtre grec). L’idée centrale du personnalisme est que chacun porte en lui un destin, une vocation qu’il convient d’accomplir et qui dépasse, et de loin, autant l’individu que l’humanité. A l’individu qui dit : « je pense, je vis, je crée, j’agis », la personne rétorque : « il y a de la pensée, de la vie, de la création et de l’action en moi qu’il faut que je révèle, que l’actualise librement, du mieux possible, selon les voies de mon choix ».
Le chantre du personnalisme fut Emmanuel Mounier (1905-1950). Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955) en fut le théologien. Politiquement, cette doctrine renvoie socialisme et libéralisme dos à dos, et opte pour la troisième voie.
L’essentiel est de comprendre qu’au contraire des deux autres doctrines qui visent l’extériorité, le personnalisme vise l’intériorité et sa complète réalisation.

Par Marc Halévy | 19/02/2016

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