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Celui qui détient l’un des plus beaux palmarès de l’athlétisme français, Stéphane Diagana, analyse pour Action Co la vision du succès et de la performance. Loin de l’individualisme, l’ex-champion démontre pourquoi derrière toute victoire, se cache en réalité une performance collective…

J’ai toujours été perplexe quant à la vision réductrice que la dénomination de « sport individuel », donne à l’athlétisme lorsqu’on le qualifie ainsi. J’imagine assez facilement que les joueurs de tennis ou encore les nageurs doivent ressentir cette même incongruité, lorsque le classement dichotomique, entre « sports collectifs » et « sports individuels », renvoie leur ­pratique dans la seconde catégorie.

Certes, Alain Bernard sur son plot de départ ou Rafael Nadal à un point du Graal, sont on ne peut plus seuls face à leur destin, en pareils moments. Lorsque quelques secondes plus tard, leurs bras se lèvent en « V » , il est incontestable que dans ce temps – celui de la compétition, celui de l’expression au sommet de son art, savant mélange de savoir-faire et de savoir-être – , ils sont encore seuls.

Mais en immortalisant et en magnifiant cette performance de l’instant, la télévision donne alors l’illusion parfaite que la performance globale est individuelle. Elle nous fait oublier que pour advenir, ces exploits individuels réalisés sur le temps court, sont les fruits fragiles, de compétences physiques, techniques, tactiques, mentales et émotionnelles, qui se construisent dans le temps long et toujours en équipe.

Pourquoi ? Tout simplement parce que la quête de l’excellence exige l’exploration d’un champ de compétences trop vaste pour s’y aventurer seul. Kiné, sophrologue, médecin, agent, chirurgien, nutritionniste… la liste de celles et ceux qui vous aident à donner le meilleur de vous-même est longue, l’entraîneur y tient une place à part.

La quête de l’excellence exige l’exploration d’un champ de compétences trop vaste pour s’y aventurer seul.

J’ai eu la chance d’être accompagné par un entraîneur d’exception, Fernand Urtebise, durant mes années en Équipe de France d’Athlétisme. De 1988 à 2004, j’ai pu bénéficier au quotidien de l’expertise technique hors pair d’un des plus grands coachs de 400 mètres haies de l’athlétisme mondial.

Pourtant, bien au-delà de cette expertise de technicien, je sais ce que je dois à son expertise de manager, de meneur d’hommes, dans ce qui m’a permis de devenir Champion du Monde après neuf ans de collaboration.

Il a su, alors que je débutais, me convaincre que le 400 mètres haies était « la » discipline vers laquelle j’avais le plus de chance de m’exprimer au plus haut niveau. Son palmarès de coach parlant déjà pour lui, il aurait pu imposer sans expliquer.

Pourtant, comme il a toujours cherché à le faire avec les athlètes qu’il entraînait au sein du groupe dans lequel j’évoluais, il a choisi de convaincre, de démontrer, d’expliquer, conscient que sur ce long et chaotique chemin de conduite du changement qu’est l’entraînement de haut niveau, il était indispensable de créer l’adhésion à une vision stratégique, technique, mais aussi éthique, dans la tourmente de l’affaire Ben Johnson.

Les valeurs partagées et la confiance ; préalables indispensables à l’engagement plein et entier ! J’ai ainsi très vite été convaincu qu’il était raisonnable de penser que je pourrais devenir champion du monde ou olympique en travaillant dans la durée sur le chemin proposé. « Raisonnable », « champion du monde ou olympique » ; tout le talent du coach repose dans cette capacité d’empowerment, qui par la raison, transmute au plus profond de l’athlète, les rêves les plus fous en de simples objectifs.

Pendant, 16 ans j’ai donc eu confiance en cet homme, malgré ses doutes, ceux du chercheur qui sait qu’il ne sait pas, malgré les blessures, malgré les critiques, malgré les échecs. Mais c’étaient nos échecs, comme les succès étaient nos succès. D’une confiance en lui, il a su générer une confiance en la méthode, bien plus utile et enfin développer une confiance en moi, cette confiance viscérale, cette confiance maximum qui vous rend plus fort le jour J.

« Si j’ai bien fait mon travail, le jour d’une grande finale, sur le terrain d’échauffement, je ne dois être utile qu’à tenir ta bouteille d’eau », me disait-il.

 

L’auteur

Champion du monde du 400 mètres haies (1997), Stéphane Diagana, détient l’un des plus beaux palmarès de l’athlétisme français. Diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Paris, il anime aujourd’hui des conférences auprès des entreprises.

 

Source : actionco.fr

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