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Lors des Rencontres Capitales 2018, Bertrand Collomb, membre de l’Académie des sciences morales et politiques, apporte un éclairage sur la place de la fragilité humaine dans la société et dans l’entreprise.

En réaction aux idées du transhumanisme, qui voient dans la technologie une possibilité de changement de la réalité humaine, certains philosophes mettent au contraire l’accent sur la fragilité de l’homme, non comme une limitation, mais comme une composante essentielle, voire un élément de la dignité humaine.

Nous faisons tous l’expérience personnelle de la fragilité, même si le degré de fragilité peut dépendre des individus et des situations. Nos sociétés mêmes sont fragiles, et résistent plus ou moins bien aux chocs. Que dire de l’entreprise face à cette idée et à cette réalité ?

L’entreprise est, par définition, le lieu de la recherche de l’efficacité pour les équipes d’hommes et de femmes qui la composent. Réussir des choses difficiles, trouver des solutions à des problèmes complexes, travailler dans des environnements politiques ou sociaux compliqués, c’est ce qu’elle sait faire mieux que quiconque. Dans toute ma carrière, j’ai toujours été surpris de la façon dont l’entreprise pouvait réussir face à des défis a priori impossibles à surmonter.

Dans un tel contexte, comment parler de fragilité ? Et pourtant, les hommes et les femmes de l’entreprise ne sont pas des super-héros. Ils sont comme tout le monde, avec leurs forces, leurs faiblesses… et leur fragilité.

Un devoir et une nécessité

Cette fragilité ne peut être assumée et sublimée que par la relation avec les autres. Et l’entreprise est précisément l’endroit privilégié où s’établit une relation, pour que chacun contribue au succès de tous. Encore faut-il que l’entreprise reconnaisse et respecte cette relation. L’homme est fragile, mais cela veut aussi dire qu’il est capable de développement, voire de dépassement, lorsqu’il est soutenu dans son action. Reconnaître cette capacité, la stimuler, donner si nécessaire une seconde chance, aider ceux qui ne peuvent pas suivre à retrouver une place, c’est ce que sait faire l’entreprise qui respecte à la fois le potentiel et la fragilité de l’homme.

À l’extérieur de l’entreprise, cette fragilité de nos sociétés n’est que trop visible. C’est pour l’entreprise l’opportunité et le devoir d’apporter son soutien et son expertise. De l’aide à la lutte contre le Sida en Afrique à l’action en faveur des jeunes ou des exclus dans nos sociétés, il ne manque pas de domaines où l’entreprise a une possibilité, et donc un devoir, d’aider à construire une société moins fragile.

Enfin, contrairement aux tendances naturelles de la communication, il faut faire comprendre aux parties prenantes de l’entreprise que ce n’est pas en développant une saga héroïque de l’entreprise omnisciente et infaillible, où seuls peuvent être efficaces des héros déshumanisés, que l’on créera une entreprise efficace et adaptable. Mais, au contraire, en reconnaissant les incertitudes, les recherches, les tâtonnements, c’est-à-dire l’humanité et la fragilité d’une organisation qui peut aussi apprendre, se développer et se surpasser.

 

Source : latribune.fr.

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