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Le chief business officer de Google X publie « Solve 4 happy », livre dans lequel il détaille sa méthode pour être heureux. Son secret ? Une formule mathématique.

Pour vous, le bonheur correspond à l’équation suivante : le bonheur est supérieur ou égal aux événements de notre vie, moins nos attentes quant à la façon dont cette vie devrait se dérouler. Est-ce si simple ?

Mo Gawdat (Google X). Avec mon équation toute simple, je montre que le cerveau compare les événements à nos attentes. C’est le décalage entre les faits et les attentes qui peut rendre malheureux. Exemple simple : il fait froid, je m’attendais à ce qu’il fasse chaud donc mon cerveau me dit qu’il ne faut pas être joyeux. C’est un mécanisme tout simple finalement. L’enjeu est de faire en sorte que le décalage entre les attentes et les faits ne soit pas trop grand au quotidien. Tout se joue au niveau du cerveau, outil indispensable à notre survie, qui analyse tout ce qui est autour de nous.

Mais le bonheur est-il vraiment uniforme et mesurable ?

Tout se joue dans le cerveau de façon binaire. 60 000 fois par jour, via des stimuli, notre cerveau se pose la question de savoir si notre ressenti est supérieur ou égal à ce que l’on attend. Du coup, je peux dire que le bonheur, c’est de la data.

Au quotidien, en partant de ce constat, comment faire pour être heureux ?

Je ne me considère pas comme un saint ou un gourou, je suis seulement un scientifique. Je ne possède pas la recette type du bonheur. Il est de toute manière totalement utopique de croire que l’on sera tout le temps 100% heureux que ce soit au travail ou dans sa vie personnelle. Cependant, il y a un piège à éviter. Il est très répandu chez les cadres : l’illusion du contrôle.

Trop nombreux sont ceux qui pensent pouvoir maîtriser de A à Z  leur vie professionnelle et plus largement leur quotidien. Il est vrai que le digital peut parfois nous donner un sentiment de tout contrôler. Mais c’est une obsession qui forcément conduit au malheur puisqu’il est impossible de tout contrôler. Et je parle en connaissance de cause puisque je suis un ancien control freak.

« Il y a un piège à éviter chez les cadres : l’illusion du contrôle »

Vraiment, je pense que pour être heureux il faut avoir à l’esprit qu’on ne peut contrôler que deux choses : nos actions et notre attitude. C’est la clé. Le reste ne dépend pas de nous et il faut en avoir conscience. Pour le reste, chacun atteint ce but de différentes manières : méditation, lecture, promenades, activité artistique… Mais dire, par exemple, je médite pour être plus heureux, cela ne sert à rien si l’on ne comprend pas le mécanisme de notre cerveau. Si je comprends comment fonctionne cette machine, je peux résoudre l’équation et réparer ce qui ne va pas.

Globalement, la quête du bonheur, c’est comme un sport. Il faut travailler pour avoir un maximum de résultats positifs. Ce qui suppose de relativiser les choses au quotidien : il pleut et ça me rend de mauvaise humeur ? Il peut pleuvoir des bombes ailleurs.

Vous enseignez votre théorie du bonheur dans des formations internes chez Google. Combien de personnes ont suivi les formations ? Avez-vous remarqué des changements dans les entreprises suite à vos formations ?

Sur une année, j’ai enseigné ma théorie du bonheur à 2 000 Googlers. Et 96% des personnes interrogées disent que la formation a changé leur vie, un record pour une formation interne de deux heures chez nous ! Mais j’ai également donné des formations dans d’autres entreprises comme Mastercard, Salesforce ou Booking.com. Et les entreprises sont demandeuses.

« 96% des 2 000 Googlers à qui j’ai enseigné ma théorie disent que cela a changé leur vie »

Il faut savoir que de manière scientifique, le bonheur conduit au succès et à la bonne santé de l’entreprise. Une étude menée par les chercheurs Oswald, Proto et Sgroi montre que le bonheur au travail fait augmenter la productivité de 12%. Donc en rendant les salariés plus heureux, une entreprise peut faire diminuer le turnover, augmenter l’efficacité et l’émergence de nouvelles idées. Je suis impatient de voir les résultats à moyen terme dans les départements et les entreprises qui ont suivi la formation.

Je suis très content par exemple que ma méthode ait permis d’améliorer le bonheur dans une entreprise sud-coréenne où régnait le workaholism et l’obsession du contrôle. Pour réussir à faire changer les choses dans une entreprise, la clé est de commencer les formations au top niveau de l’entreprise. Si les cadres dirigeants et les cadres ne prennent pas conscience du bonheur, ils ne peuvent pas « contaminer » les autres.

Vous vous êtes fixé l’objectif suivant : rendre un milliard de personnes heureuses. Comment voulez-vous vous y prendre ?

« Le bonheur au travail fait augmenter la productivité de 12% »

Oui effectivement, j’aimerais rendre un milliard de personnes sur terre plus heureuses. Cela paraît un défi fou, non ? Je mise sur le bouche à oreille. Si une personne que je manage enseigne sa théorie à deux autres et ainsi de suite, le nombre de personnes heureuses peut croître. Je compte aussi sur Internet qui peut être un moyen de croissance exponentielle. Par exemple si grâce à votre article des centaines de personnes comprennent le fonctionnement du bonheur et disséminent la théorie de mon livre, c’est une belle victoire. Il existe également la fondation onebillionhappy.org qui donne des conférences dans tous les pays, dans de multiples langues. Chacun peut utiliser ma théorie et l’enseigner.

Pensez-vous que votre méthode soit universelle ?

Oui absolument. Même si certaines cultures adoptent plus facilement la méthode que d’autres. Par exemple les sociétés occidentales, dont la société française, sont habituées à être critiques, cyniques et à attendre beaucoup de la vie en général. Il en est de même en Europe de l’est. En revanche, en Afrique, en Asie ou en Amérique du Sud, j’ai remarqué que l’on applique plus l’équation de bonheur de manière instinctive. Ce sont des cultures où l’on a tendance à célébrer les bons jours plutôt qu’à pleurer sur les mauvais. Notons aussi que la méthode marche pour toutes les générations et toutes les catégories professionnelles.

 

Source : JDN

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